jeudi 11 février 2010

Give Me Five N°11 - Février 2010



Hommages...

En ce début d'année 2010, deux artistes que l'on apprécie son partie vers d'autres contrées célestes. Lhasa et Mano Solo ont eu en commun ce long combat contre un feu qui brula leurs corps de l'intérieur. Ils avaient la rage de s'en sortir malheureusement celle fit défaut en cette nouvelle décennie. Retour sur deux artistes charismatiques...

Lhasa de Sela, fille d'un couple américano-mexicain, commença sa carrière avec son premier album, La Llorona, où le monde tomba littéralement amoureux de cette belle chanteuse de par sa voix suave et mélancolique. Cet album acoustique entremêle des sonorités mexicaines aux accents klezmer et tziganes. Son deuxième album, The Living Road, est celui de l'expérience et de l'ouverture musicale. Le blues, le gospel font leur apparition ainsi que des textes écrits en français et en anglais alors que son précédent album était entièrement écrit en espagnol. Ce deuxième disque sera élu, par le quotidien britannique The Times, 3e meilleur album de musiques du monde des années 2000, juste derrière The Radio Tisdas Sessions des Tinariwen et Dimanche à Bamako d'Amadou et Mariam. L'année 2009 sera l'année du changement pour la montréalaise d'adoption, en effet elle entreprend de prendre un virage vocal, c'est alors que sa voix devient claire et haute sur ce troisième album. Lhasa, son 3e album éponyme, prend le partie de la soul intimiste où les textes sont exclusivement en anglais, sa langue maternelle. Elle prend le pari d'enregistrer sur bandes analogiques, pour atteindre une certaine sonorité plus chaleureuse. Composé avec la complicité d'un fidèle ami en la personne de Patrick Watson, l'album connu un succès d'estime auprès de la presse européenne et nord-américaine. Mais juste passé l'année 2010, la belle s'est tût, on gardera en mémoire cette voix suave et chaleureuse qui a su envoûter le monde entier.

Mano Solo, fils du célèbre dessinateur Cabu, commença sa carrière de musicien au sein du groupe punk Les Chihuahuas dans les années 80. C'est à partir des années 90, qu'il commence à prendre le chant avec ses premiers albums solos La Marmaille Nue (1993) et Les Années Sombres (1995), deux albums disque d'or (plus de 100 000 exemplaires). Atteint du SIDA depuis 1986, il l'annonce publiquement lors d'un concert au Bataclan. En 1996, il sort avec une partie des Chihuahuas, les Frères Misères qui n'eut pas le succès escompté. Depuis 1997, il enchaîne les albums avec plus ou moins de succès. En 1997, sort Je Ne Sais Pas Trop, puis 1999 Mano Solo sort son premier album live Internationale Shalala Tour, basé sur sa chanson fétiche et positif du moment qu'il entonne avec son public, Shalala. Suivent Dehors en 2000 et La Marche en 2002, deuxième album live sublime et terriblement mélancolique enregistré à la Coopérative de Mai (Clermond-Ferrand) et La Halle aux Grains (Toulouse). En 2004, il sort Les Animals, album plus rock que les précédents puis en 2007 sort In The Garden, son premier album autoproduit depuis la fin de son contrat avec Warner. Fin 2009, il publie son dernier album, prémonitoire peut-être, Renter Au Port; album qui ne sera jamais suivi d'une tournée car l'artiste parisien meurt le 10 janvier dernier. On retiendra de Mano Solo, sa voix incroyablement mélancolique, son écriture torturée mais sublime et son engagement dans la vie sociétale, radiophonique et artistique. En plus d'être chanteur, Mano Solo était peintre et auteur de poèmes, je pense que là-haut il apportera un peu de sa mélancolie si positive.


Give Me Five n°1- Février 2010

HINDI ZAHRA Handmande

Issue d'une famille de musiciens marocains berbères, Hindi Zahra publie son premier album sur le prestigieux label Blue Note. Comme le suggère le titre de son album, la belle a pratiquement composé et enregistré toute seul avec la simple complicité de Thomas Naïm aux arrangements. Écrit principalement en anglais et parfois en amazigh, langue berbère, l'album creuse le sillon d'une folk-jazz où les racines millénaires ressortent à chaque note et à chaque syllabe qu'Hindi Zahra chante. Cette voix gracile et élégante devient céleste sur Beautiful Tango, tango pas très argentin mais définitivement blues ancestral. La chanteuse a fait le choix de l'acoustique où les derbukas suggèrent le chemin, les cordes virevoltent avec volupté. Handmade, par ses mélodies pastel, nous touchent en plein coeur et l'on y succombe.

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A ECOUTER: HINDI ZAHRA, Handmade (Blue Note/EMI)
EN LIGNE: www.myspace.com/zahrahindi

A VOIR:
13/02: 6par4, Laval
03/03: La Luciole, Alençon
12/03: Victoire 2, Montpellier
24/03: Espace Culturel Leclerc, Niort
31/05: Bataclan, Paris
01/06: Bataclan, Paris

Give Me Five n°2- Février 2010


MASSIVE ATTACK Heligoland
L'année 2010 commence sur des chapeaux de roues, avec le retour des princes du trip-hop. Et quel retour! Massive Attack publie en ce début d'année l'un de ses meilleurs albums depuis Mezzanine. A défaut d'avoir le lineup originel, ce disque marque également le retour aux manettes de Daddy G, qui apporte ce souffle qu'avait perdu son comparse 3D avec la production suivante, 100th Window, aux collages sonores froides et triturés. La flopée d'artistes (Horace Andy, Martina Topley Bird, Hope Sandoval, Tunde Adepimbe de TV On The Radio, Damon Albarn et Adrian Utley de Porthishead en autres) ne ce sont pas tromper en venant apporter leur contribution à cet nouvel opus. Le groupe de Bristol insuffle à Heligoland cette sensualité à fleur de peau qui a fait le succès du combo. Dès les premières notes, Prayer For Rain, on le reconnaît ce mélange de genres qu'avait opéré les anglais en 1998 avec Mezzanine mais avec une maturité étonnante. Le titre Paradise Circus résume parfaitement cet état d'esprit, où le perçoit une pop aérienne sur une basse-batterie abyssale où la voix de Hope Sandoval égraine le texte comme des perles de nacre. A coup sûr, Massive Attack réussit son retour de façon magistrale.

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A ECOUTER: MASSIVE ATTACK, Heligoland (EMI)

EN LIGNE: www.massiveattack.com

Give Me Five n°3 - Février 2010


BIBI TANGA & THE SELENITES Dunya

Le champion du groove inclassable revient avec un deuxième album tout aussi lunaire. Bibi Tanga est ici accompagné d'une formation de musiciens lunaires, The Selenites. Le pilier de l'orchestre, Les Gréements de Fortune, de l'émission Salut Les Terriens d'Ardisson, publie un disque où toute sa vision du groove s'entrechoque avec une certaine apesanteur. Afro-funk, soul, afrobeat tout y passe entre les mains du chanteur-bassiste et de son comparse illuminé, le Professeur Inlassable. Le jeune label National Geographic Music sort l'opus du centrafricain d'origine, on l'y décèle un certaine sens de la mélodie et de la poésie pour preuve The Moon, un texte écrit par Robert Louis Stevenson et It's The Earth That Moves de Robert Wyatt. Ajouté à cette tambouille groovy, les touches sonores du Professeur qui embelisse ce Dunya aux accents américains et africains.

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A ECOUTER: BIBI TANGA & THE SELENITES, Dunya (National Geographic Music/Naïve)

EN LIGNE: www.myspace.com/bibitanga

A VOIR:
13/02: Festival Les Sons d'Hiver, Fontenay/Bois
12/03: Les Nuits Zébrées/L'Olympic, Nantes
13/03: Cosmic Groove/Le Jam, Montpellier
01/04: Festival Chorus, La Défense
9/04: Ubu, Rennes
4/05: Le New Morning, Paris

Give Me Five n°4 - Février 2010


FELOCHE La Vie Cajun

Nouveau venu dans le paysage musical français, Féloche fait une entrée en fanfare avec ce premier album tout en esprit cajun. Amoureux du bayou sans en avoir mis les pieds, le chanteur parisien a composé un album aussi bien roots que pop qui fait sa force car certaines chansons peuvent passer à la radio et il participe à un certain renouvellement de la chanson française. Une belle appropriation du style cajun qui ne manque pas de fraîcheur et de surprises comme cette reprise allumé de Singin' In The Rain ou ce featuring avec Dr John en personne sur Dr John Gris – Gris John. Signé sur l'impeccable label Ya Basta!, Féloche mise sur une formule mandoline-basse-batterie qui ne manque pas d'air, d'ailleurs le parisien maitrise avec classe et de manière insolente son instrument fétiche qui l'a découvert il y a peu, la mandoline. Un premier album réussi sous toutes ses coutures.

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A ECOUTER: Féloche, La Vie Cajun (Ya Basta!/Naïve)

EN LIGNE: www.myspace.com/feloche

A VOIR:
12/02: EMB, Sannois
19/03: Le Jam, Chapelle / Erdre
24/04: La Maroquinerie, Paris

Give Me Five n°5 - Février 2010


ANGELIQUE KIDJO Oyo

La chanteuse béninoise Angélique Kidjo sort avec Oyo, son huitième album en vingt de carrière. Avec ce disque, la charismatique chanteuse ouest-africaine a voulu rendre hommage à la musique de son enfance, qui l'a inspiré au cours de sa carrière. Pour preuve, on retrouve les reprises de Move On Up de Curtis Mayfield, Baby I Love You d'Aretha Franklin, I Got Dreams to Remember d'Otis Redding, Cold Sweat de James Brown, Petite Fleur en hommage de Sidney Betchet, Samba Pa Ti de Santana, et une inévitable reprise de l'artiste qu'Angélique Kidjo admire tant Lakutshn Llanga de Miriam Makeba. Ce melting polt entre l'American Black Music et les musiques traditionnelles de l'Afrique subsaharienne détonne de grâce, de gaieté et de sensualité dont l'américaine d'adoption a le don de nous proposer. Entouré d'artiste talentueux pour cet album, tels que Lionel Lokué (autre béninois résidant à New York) à la guitare, la section cuivre d'Antibalas et ainsi une flopée d'invité tels que John Legend sur la reprise endiablé de Move On Up, Diana Reeves (Baby, I Love You / Cold Sweat) et le trompettiste Roy Hargrove (Samba Pa Ti), Angélique Kidjo se paye le luxe de proposer un album tout en finesse musicale et en beauté poétique. L'ambassadrice de l'Unicef réussit son mélange de genre entre soul, musiques traditionnelles et jazz qu'elle a entreprit depuis 1991.

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A ECOUTER: Angélique Kidjo, Oyo (Razor & Tie)

EN LIGNE: www.kidjo.com