mardi 12 octobre 2010

Give Me Five Webzik n°16 Octobre 2010

Give Me Five n°1 Octobre 2010


ALOE BLACC
, Good Things

Passer d'un genre à l'autre est un exercice périlleux pour artiste, mais quand l'artiste en question a du talent c'est alors un pur régal. C'est le cas d'Aloe Blacc qui sort pour son deuxième opus, un disque résolument soul. Du hip hop à la soul, il y a qu'un pas vous vous dites, car nombre de rappers ont largement puisé dans cet univers, mais ici le néo soulman le fait avec brio et avec passion. Mais la force du chanteur, c'est de proposer des textes engagés, loin des stéréotypes mielleux du genre et en s'accompagnant d'un groove terrible et dansant emmené par les musiciens du label Thruth & Soul (les mêmes que ceux de Lee Field). Prenez le titre "I Need Dollar", celui-ci parle du désespoir, de la crise économique et ceux-ci est raconté sur une mélodie funky enjoué qui a fait malgré lui un tube planétaire. De la ballade moite au hit funky, les treize titres sonnent déjà comme un classique pour les générations futures.


A écouter: Aloe Blacc, Good Things (Stones Throw/Discograph)
En ligne: www.stonesthrow.com

Give Me Five n°2 Octobre 2010



TIKEN JAH FAKOLY
, African Revolution

Il y a des disques qui marquent un changement dans la carrière d'un artiste, c'est le cas de l'ivoirien Tiken Jah Fakoly. Exilé depuis des années à Bamako, le chanteur a puisé dans la musique traditionnelle malienne pour construire son nouvel album: balafon, kora et autres instruments traditionnels sont à l'honneur. L'homme propose un afro reggae surprenant et étonnant, il s'évertue plus à simplement à copier les bases du reggae jamaïquain mais à publier un vrai mélange des genres, un album très africain en fin de compte. L'homme tient toujours à son discours engagé à la vision panafricaine, comme le montre la pochette du disque, où le voit le grand bonhomme en cavalier en poing levé, Tiken Jah Fakoly s'impose comme l'un des leaders du reggae africain et même au-delà. Plus que jamais révolutionnaire, plus que jamais africain.


A écouter: Tiken Jah Fakoly, African Revolution (Barclay/Universal)
En ligne: www.tikenjahfakoly.net


Give Me Five n°3 Octobre 2010


JOHN LEGEND & THE ROOTS
, Wake Up!

Dans la lignée de la collaboration pour le nouvel album de The Roots, John Legend et le combo de Philadelphie remet ça, mais cette fois ci c'est pour le chanteur que le groupe se plie en quatre. Une ambiance très sixties s'échappe de ce disque, John Legend revisite quelques standards de cette période pioché dans les chants militants pour les faire revivre dans cette période où l'espoir a fait place au désenchantement. C'est également un retour aux sources pour cette génération bercée de hip hop, avide de renouer avec l'expression viscérales des prédécesseurs. Comme toujours la rythmique est rondement mené par Questlove? (Ahmir Thomson), la qualité de l'interprétation de Legend est impeccable et évocatrice de la jouissance qu'il en retire. Quelle association, quel feeling, ceux-là se sont bien trouvés et tant mieux pour nous.


A écouter:
John Legend & The Roots,
Wake Up! (Columbia/Sony)
En ligne: www.johnlegend.com

Give Me Five n°4 Octobre 2010



340 ML
, Sorry For The Delay

La scène sudafricaine ne cesse de nous étonner depuis quelques années avec l'apparition de groupes de qualité tel que Tumi And The Volume. Le groupe est en encore au centre de cet affaire, du moins deux de ces trublions, en effet le batteur et le guitariste forme avec de nouveaux comparses ce groupe à la musique raffinée. 340 ML, cousin funky de Tumi & The Volume, publie cet album qui est resté longtemps confidentiel aux oreilles hexagonales (il est sorti en 2008 en Afrique du Sud), mais vaut tard que jamais son groove chamarré sort donc ce temps-ci. On y remarque que l'album apporte un équilibre de couleurs finement nuancé: funk, dub, pop, jazz et marrabenta mozambicain cohabite avec allégresse. A la manière de groupe néozélandais Fat Freddy's Drop, 340 ML propose une musique de légèreté où le reggae base de tout, s'étoffe de mélodies et d'harmonies soyeuses.


A écouter:
340 ML, Sorry For The Delay (Bi-Pôle)
En ligne: www.myspace.com/340ml


Give Me Five n°5 Octobre 2010


ANTONY & THE JOHNSONS,
Swanlights

Libre, il est Antony Hegarty, il peut désormais donner libre cours à son créativité et à ses impulsions artistiques. Pour preuve, ce quatrième opus déroute et laissera plus d'un perplexe, mais le chanteur n'as que faire et déploie ses ailes, parcourent sa voix androgyne sur des des mélodies aux tessitures tantôt harmonieuse tantôt complexes. Enrichie de son escapade, à l'été 2009, avec un orchestre philharmonique, le new-yorkais d'adoption publie un disque plus lumineux que ses prédécesseurs et richement orchestré, à la manière d'un peintre impressionniste ou surréaliste selon l'angle de vue Antony Hegarty apporte des touches, des textures, des couleurs pour modeler ce bel objet qu'est Swanlights. Magnifiquement annoncé par le très soulful "Thank You For Love", l'album permet d'intégrer le monde en mutation perpétuel d'Antony & The Johnsons. Désormais, Antony est un oiseau.


A écouter: Antony & The Johnsons,
Swanlights (Rough Trade/Beggars)
En ligne:
www.antonyandthejohnsons.com

Give Me Five n°6 Octobre 2010



WE ARE THE LILIES

Un bel objet pop à l'ambiance très sixties, à la croisée de plusieurs cultures, voilà ce qui se caractérise cet album improbable. Improbable également la rencontre entre le maître d'œuvre du groupe français Tahiti Boy et le créateur du groupe tropicaliste Os Mutantes, qui nous propose cet disque frais et enjoué. Jetant des ponts entre pop, folk, rock et tropicalisme, le duo nous transporte dans leur univers musical nomade. David Sztanke et Sergio Dias crée une pop psychédélique et vivante qui réunit toute la fougue créatrice du combo franco-brésilien. Remarquons la présence réussi de Jane Birkin sur la très belle chanson "Marie" et de l'Iguane sur le très rock'n'roll "Why?". We Are The Lilies est inévitablement l'une des bouffées d'oxygène de ce mois d'automne


A écouter:
We Are The Lilies (Third Side Records/Cooperative Music)
En ligne:
www.myspace.com/wearethelilies

Give Me Five n°7 Octobre 2010


BACHAR MAR-KHALIFE,
Oil Slick

Fils de Marcel Khalife et frère de Rami Khalife, mais surtout pianiste et percussionniste, le musicien libanais Bachar Mar-Khalife publie son tout premier album à l'univers d'une sombre noirceur. Il insuffle à cet opus un esprit libre mais invite également a plonger aux plus profond de ces ses idées noires, tantôt survolté tantôt aérien, Bachar Mar-Khalife puise dans la musique libanaise, dans le jazz et dans la pop pour confectionné cet Oil Slick, marée noire en français, qui submerge l'auditeur par l'explosion des couleurs musicales qui font la force de ce disque. Il développe ses comptines afin d'énoncer les litanies des prisonniers politiques, le musicien sait aussi se monter engagé dans les paroles que dans sa musique.


A écouter: Bachar Mar-Khalife, Oil Slick (Infiné/Discograph)
En ligne: www.myspace.bacharmarkhalife

Un album... London Calling, THE CLASH (1979)


En 1979, le jeune groupe londonien publie leur troisième album qui va révolutionner le rock pour les années à venir. En 1977, le combo emmené par le regretté Joe Strummer et le guitariste Mick Jones sorte un brûlot rock dans l'effervescence punk du moment, le groupe aborde les thèmes sociaux de l'époque et porte leur engagement politique qui leur tient à cœur sur ce rock dur et rapide qu'est le punk. London Calling est donc le fruit d'une longue gestation et d'une recherche artistique que The Clash entreprend pour fédérer un nouveau public. La pochette est un hommage en forme de pied de nez au premier d'Elvis Presley où le titre de l'album est écrit en rose et en vert, verticalement et horizontalement sur une photo où l'on voit Paul Simonon fracassé une basse. Ce double album, apanage à l'époque des groupes de rock progressive, est une ouverture musicale aussi riche qu'engagé. En effet, la bande de Strummer cultive un rock métissé qui flirte avec le reggae ("Guns Of Brixton"), le jazz ("Jimmy Jazz"), le rockabilly ("Brand New Cadillac"), la soul ("The Right Profile"), la pop ("The Card Cheat") et le punk ("London Calling") et autres genres musicaux. Mais la force du groupe c'est de proposer des mélodies entrainantes pour mieux parler des problèmes sociaux de l'époque tel que le chômage, la drogue, la responsabilités des adultes dans la société, le racisme et bien sûr la politique en ce début d'ère Thatcher. Vendu à deux millions d'exemplaires dans le monde, le disque est certifié disque de platine aux Etats-Unis et permet au groupe de sortir du microcosme punk. Et plus de trente ans après, London Calling est considéré unanimement comme l'un des meilleurs albums rock de tout les temps.

A écouter:
The Clash, London Calling (Epic)
En ligne: www.theclashonline.com
A lire: The Clash: Combat Rock, de Marcus Gray (Camion Blanc, 1999)
A voir: The Future Is Unwritten, de Julian Temple (2007)
Westway The World, de Don Letts (2000)
Rude Boy, de Jack Hazan et David Mingay (1980)